Monitrice guide de pêche depuis 2023, Mélanie Gévaudan crée sa société de pêche de loisir Maezya Fishing pour proposer à tout un chacun de faire des sorties en mer à la découverte de cette activité. Son bateau, amarré au port de plaisance de Frontignan la Peyrade, accueille les personnes en situation de handicap, rendant ainsi la pêche et le plaisir du large accessibles à tous.
La pêche, c’est son grand-père qui lui a fait découvrir quand elle avait six ou sept ans. Sur l’étang d’Ingril, ces moments privilégiés à la pêche à la daurade auront façonné la passion de Mélanie Gévaudan pour ce loisir si près de la nature. Au décès de son grand-père deux ans plus tard, le coeur restera solidement arrimé au bout de la ligne : « J’ai jamais lâché. J’ai récupéré ses cannes à pêche et durant toutes les vacances d’été, j’étais sur les rochers avec mon seau et mon épuisette. »
Pourtant, un autre chemin se dessine pour Mélanie Gévaudan avec cette autre passion de son enfance : le football. Elle grandit à Vic-la-Gardiole et intègre l’ASFAC du haut de ses cinq ans. Un club auquel elle restera fidèle avant de rejoindre à 14 ans la section féminine du MHSC en sport étude. Après une parenthèse sur l’île de la Réunion lorsqu’elle suit ses parents mutés pour le travail, elle revient un an plus tard vivre à Frontignan la Peyrade chez sa grand-mère qui tenait le magasin de bonbons Au Nain Gourmand. Elle reprend le football mais une carrière dans ce sport offrant peu de débouchés à l’époque, la jeune femme se tourne vers les métiers de la santé en devenant aide-soignante : « J’aime l’humain et ce qu’on peut apporter aux autres. Le soin, c’est une vocation » explique-t-elle. Profession qu’elle exerce toujours aujourd’hui, elle travaille pendant près de 10 ans dans les maisons de retraite Saint- Jacques et Anatole-France de la ville puis en milieu hospitalier.
Le handicap au centre du projet
La période éprouvante du Covid-19 lui donne l’impulsion nécessaire pour revenir à la source de son amour pour la pêche, une manière de se reconstruire mais aussi de continuer à faire le lien avec l’autre : « Que proposer quand on n’a fait que du soin ? Je connaissais la pêche et j’avais cette volonté en plus de rendre l’expérience accessible aux personnes à mobilité réduite. C’est un projet qui s’est construit autour du handicap. » En 2023, la future monitrice guide de pêche effectue les formations diplômantes pour la pêche de loisir en eaux douces et du bord de mer. Un an plus tard, la société Maezya Fishing voit le jour et propose des circuits famille, des sorties côtières, de la pêche au gros et au lancer, du coaching, des prestations pour les comités d’entreprise, les anniversaires et les enterrements de vie de jeune fille ou garçon.
Un partenariat fort avec les associations
Au port de plaisance de Frontignan la Peyrade, la capitainerie met à disposition un lève-personne que Mélanie Gévaudan utilise lorsqu’elle procède à l’embarquement de personnes à mobilité réduite. Travaillant en étroite collaboration avec plusieurs organismes dans le secteur du handicap tels que l’association Fishing Therapy de Bessan spécialisée dans l’accueil d’enfant en séjour de pêche, ou l’Institut d’Éducation Motrice (IEM) La Cardabelle de Montpellier, elle adapte son accompagnement en fonction des capacités moteur et mentales des participants. En outre, Maezya Fishing a notamment participé à la journée annuelle de l’autisme organisée par Handi- Actions Cap 34 où elle avait animé un atelier de simulateur de pêche. C’est aussi à son bord que deux adolescents à mobilité réduite ont remporté la 3e place du concours de pêche au thon cet été à l’occasion de la 37e canne d’or et du 12e trophée de la ville.
Face à la méconnaissance des réglementations en mer et du monde marin, Mélanie Gévaudan souligne également l’importance de sensibiliser le public à la biodiversité et au respect de la nature : « En mars dernier, les cinq ados venus en stage ont été autant captivés par la biologie des poissons que par l’atmosphère paisible du large. Les parents étaient surpris de voir que leurs enfants avaient totalement décroché des écrans. »
À l’avenir, la monitrice guide de pêche aimerait poursuivre l’adaptation de son bateau au handicap moteur, proposer des sorties inédites à la rivière et ce, sans jamais déroger à la règle qu’elle s’est fixée : réserver une expérience personnalisée à chaque participant pour offrir à tous un moment privilégié sur la Grande Bleue.

