La Ville installe son office de tourisme du centre-ville, dans l’ancienne maison du pontonnier, au plus près de la halte plaisance redéployée sur l’ensemble des quais de part et d’autre du pont levant. Découvrez l’incroyable histoire de ce pont qui fait le lien entre la ville et la plage depuis le XVIIIe siècle et qui ouvre le passage aux pénichettes 3 fois par jour entre le 1er juillet et le 31 août.
Dès 1645, Jacques Brun, de la ville de Brignoles, obtint la concession des marais du Languedoc. Il propose alors au gouvernement de construire un canal de navigation depuis Beaucaire jusqu’à Aigues-Mortes pour faciliter le transport du sel vers le Rhône et celui des denrées de la vallée du Rhône vers la plaine côtière.
En 1664, l’ingénieur et entrepreneur biterrois, Pierre-Paul Riquet, concepteur du canal du Midi qui relie la Méditerranée à l’Atlantique, adressait un courrier à Colbert, ministre de Louis XIV, sur le même sujet. Mais ce n’est qu’en 1700 que les travaux de creusement du canal des Étangs, appelé ensuite le canal du Rhône à Sète, pour relier la nouvelle ville de Cette au Rhône, commencèrent. Vauban, alors Inspecteur général des fortifications de Louis XIV, vint même à cette occasion à Frontignan, passage obligé de cette nouvelle voie fluviale, le 25 octobre de la même année.
Un chemin vers la plage
Au début du XVIIIe siècle, une barque assurait la traversée du canal à Frontignan, notamment pour accéder aux moulins, mais elle coula à plusieurs reprises. Pour répondre à la demande des habitants qui réclamaient un chemin d’accès à la plage, à travers l’étang d’Ingril, notamment pour récolter les algues marines qui servaient d’engrais, le Consul Jean Balthézard Argelliès décida la construction d’un pont de pierre pour traverser le canal en 1740. C’est l’ingénieur Triayre qui prend en charge le chantier secondé par l’architecte Montpelliérain Brisson. Les travaux s’achèvent en 1757.
En 1869, le maire de Frontignan, François Simorre, décide la réalisation d’un pont tournant, en fer, actionné manuellement. Cet ouvrage fut commandé à la Société des forges et fonderies de Montataire dans l’Oise. Il fut inauguré le 12 avril 1872. Le logement du pontonnier fut construit en face du pont la même année. Louis Alquier, père et fils, prennent soin de l’entretien et des manœuvres.
35 ans plus tard, en 1908, avec l’installation de la Compagnie Industrielle des Pétroles/CIP en 1904, le trafic fluvial a fortement augmenté et le canal doit être élargi pour s’adapter au gabarit des péniches de l’époque. Ces travaux d’élargissement entraînèrent également un nouvel ouvrage tournant, plus long de 9 mètres et la modification des quais qui servaient d’embarcadères. Durant les 20 mois des travaux, une gabare assura la traversée du canal pour les employés de la CIP et les riverains. Le nouveau pont, à voie unique, fut mis en service en 1910.
Un pont d’un nouveau genre
En 1952, il fut remplacé par le pont actuel, levant, à deux voies cette fois, posé sur ses 4 piliers massifs. Le succès de ce nouveau pont d’un nouveau genre est immédiat.
En juillet 1992, une manifestation nationale consacrée à l’Amérique du sud et intitulée Amérique d’hier et d’aujourd’hui proposait spectacles et rencontres dans tout le pays. Une importante exposition de peinture à laquelle participe une dizaine de peintres et de sculpteurs est organisée à Frontignan. A cette occasion, Jean Valette, alors responsable du musée, propose d’offrir les piles du pont aux artistes.
Quatre d’entre eux laissèrent leurs empreintes sur ces quatre imposants totems : le Colombien Enán Burgos, le Chilien Claudio Gonzalez, le Péruvien Walter Barrientos et le Français Claude Routier qui, saisi de vertiges, dut céder le pinceau à son épouse qui termina l’œuvre. La fresque fut vernie le 15 juillet. Lavés par le temps et les intempéries, les couleurs ont fini par s’estomper et finalement disparaître.
Toujours en service le pont se lève de 1 à 3 fois par jour
Avec le développement de l’automobile et l’importante navigation sur le canal, l’utilisation ne fait que croître et, 55 ans plus tard, en 2006, des travaux de réfection s’imposent. Le chantier, financé par le Conseil général à hauteur de 1,4 M €, commence le 27 février 2006. Les travaux portent sur le remplacement des vérins de levage, de la centrale et du réseau hydrauliques, la mise en place d’un nouveau système de guidage du tablier, la réfection de la protection anticorrosion du tablier ainsi que de la couche de roulement, le remplacement du poste de commande et l’automatisation des fonctions. Le trottoir ouest est également élargi et les 4 piles sont repeintes.
Toujours en activité aujourd’hui, le pont se lève désormais de 1 à 3 fois par jour selon les saisons, pour laisser passer les quelques 5 000 pénichettes touristiques qui naviguent sur le canal à la découverte de nos paysages.