La musique est entrée tôt dans la vie de Jean Fauque, grâce à une mère à la très jolie voix qui chantait le répertoire français et ensuite sous forme d’un électrophone et de 45 tours achetés par son père lorsqu’il a cinq ans, à Fès, au Maroc. Il se passe alors en boucle Le parapluie de Georges Brassens, « une chanson presque fondatrice pour moi », qui évoque la France verdoyante idéalisée depuis le brûlant pays lointain, raconte celui qui fut le co-auteur et l’ami d’Alain Bashung.
Enfant, il se rêve écrivain, il lit beaucoup, il écrit des suites aux rédactions scolaires, et commence à composer à 15 ans pour mettre ses mots en musique. A 16 ans, interne dans un collège des Deux Sèvres, ses bavardages en classe et facéties font qu’il est sollicité pour présenter en sketches les spectacles de la troupe du collège. La découverte du public et de la scène côté coulisses sont pour lui une révélation, il sera artiste.
Comme dans la chanson de Charles, à 18 ans il quitte la province et arrive à Paris avec une guitare, bien décidé à faire de la musique son métier. Encouragé par le grand compositeur et arrangeur André Popp (Piccolo Saxo et Cie, L’amour est bleu, Manchester et Liverpool), il enregistre un premier single à 20 ans comme interprète, et deux autres en 83 et 84 sous le nom de Janot chez Polygram. En 1977, une première chanson, les Highways, est gravée sur disque chez Barclay. C’est avant tout en qualité d’auteur et grâce à une rencontre décisive que Jean Fauque atteindra la reconnaissance. En mars 1975, son chemin croise celui d’Alain Bashung avec lequel ils écrivent une douzaine de chansons. Ils ne se quitteront plus, et 13 ans plus tard, en 1988, il participe à l’écriture de l’album Novice et en 1991, coécrit avec Alain cinq chansons de l’album Osez Joséphine, dont le titre éponyme, qui recevra trois Victoires de la Musique.
La collaboration artistique entre les deux hommes se poursuivra par les albums Chatterton, couronné par l’Académie Charles Cros, Fantaisie Militaire, avec les titres marquants Ma petite entreprise et La nuit je mens, et en 2002 par le très ambitieux L’imprudence. Jean Fauque écrit parallèlement pour de nombreux interprètes, dont Johnny Hallyday, Jacques Dutronc, Patricia Kaas, Carole Laure, Isabelle Boulay, Marc Lavoine, Guesch Patti, Luz Casal, Tcheky Karyo, Dani, Art Mengo, Romane Serda, Line Renaud, Astonvilla, Anggun, Tristan Nihouarn, Rachid Taha, Vanessa Paradis, Alizée…
Il livre aussi en 2008 13 Aurores, un album très personnel. Auteur et interprète, entouré de six pianistes compositeurs prestigieux dont Christian Gaubert et Baptiste Trotignon, il évoque ici de sa voix de crooner le temps qui passe, les femmes esseulées, les blessures du cœur…
L’un des plus impressionnants palmarès de l’histoire de la chanson française :
Le Grand Prix Sacem de la Chanson Française (en 2019) ou encore 11 Victoires de la musique (entre 1993 et 2009), pour 27 nominations, ont récompensé des artistes pour des œuvres et albums auxquels l’auteur a participé. L’album Fantaisie militaire a même remporté (en 2005) la Victoire du meilleur album des 20 ans d’existence des Victoires.
Jean Fauque est aussi l’auteur de deux romans historiques sur son Algérie natale, parus en 87 et 90, écrits avec Jacques Roseau, ardent défenseur des rapatriés d’Algérie et des Harkis, décédé tragiquement en 1993. Il est également coauteur avec les journalistes Jean-Daniel Beauvallet et Marc Besse de Dessous de Songs, (paru en 2013), qui raconte la genèse d’une trentaine de hits planétaires.