FIRN 2024

 

AVANT-PROPOS

En Corps

Meurtri, sublimé, caressé, surexposé, agressé, déformé, caché, hypersexualisé, transformé, disséqué, échangé, analysé, amplifié, robotisé, le corps est au centre d’une époque que la spiritualité a abandonné, au centre des intérêts et préoccupations de notre temps. Trafics d’organes ou commerce d’êtres humains, chirurgies esthétiques ou entrainements sportifs, tatouages ou scarifications, addictions ou handicaps, injonctions ou agressions, changements de genre ou transmutations, enveloppe ou tas de viande… Le roman noir s’est emparé du corps en se libérant des entraves de codes trop restrictifs. Grattant la chair jusqu’à l’os, il en montre désormais toutes les facettes, des plus spectaculaires aux plus invisibilisées, des plus physiques aux plus végétatives, des naissances troublées aux morts violentes. « On ne devrait lire que les livres qui nous piquent et nous mordent. Si le livre que nous lisons ne nous réveille pas d’un coup de poing sur le crâne, à quoi bon le lire ? », disait Franz Kafka, l’auteur de La métamorphose disparu il y a 100 ans. En cette année olympique, plus de 35 athlètes littéraires feront corps au 27e Festival international du roman noir, du 24 au 26 mai 2024, à Frontignan la Peyrade, pour nous tenir en haleine avec des histoires, belles et universelles car in carne.

🇬🇧 The Body

Bruised, sublimated, caressed, overexposed, attacked, deformed, hidden, hypersexualized, transformed, dissected, exchanged, analyzed, amplified, robotized, the body is at the center of an era that spirituality has abandoned, at the center of the interests and concerns of our time. Organ trafficking or trade in human beings, cosmetic surgeries or sports training, tattoos or scarifications, addictions or disabilities, injunctions or attacks, gender changes or transmutations, envelopes or piles of meat… The “Roman Noir” has taken over the body by freeing itself from the constraints of overly restrictive codes. Scratching the flesh to the bone, it now shows all its facets, from the most spectacular to the most invisible, from the most physical to the most vegetative, from troubled births to violent deaths. “We should only read books that sting and bite us. If the book we read doesn’t wake us up with a punch to the head, what’s the point of reading it?” wrote Franz Kafka, the author of The Metamorphosis who passed away a hundred years ago. In this Olympic year, more than thirty-five literary athletes will form a body at the 27th “Festival International du Roman Noir” from May 24th to 26th May, 2024, in Frontignan la Peyrade, to keep us in suspense with stunning and universal stories, since in carne.

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LE TEASER 2024 : 

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L’ÉDITO

Nous sommes ravis de vous présenter la 27e édition du Festival International du Roman Noir de Frontignan la Peyrade. Cette année, nous explorons une thématique aussi captivante que mystérieuse : le corps. Le corps comme objet de désir, de violence, de rébellion, de transformation. Au fil des rencontres littéraires, restitutions d’ateliers et autres animations, nous plongerons ainsi dans les méandres de l’âme humaine, explorant ses recoins les plus sombres et les plus fascinants. Nous tenons à remercier chaleureusement tous les auteurs, les éditeurs, les partenaires, les bénévoles et les agents municipaux qui ont contribué au fil des saisons à faire de ce festival un événement incontournable dans le paysage culturel de notre ville.

Nous vous donnons rendez-vous les 24, 25 et 26 mai pour une immersion intense dans cet univers littéraire riche en émotions et en frissons !

Michel Arrouy, Maire de Frontignan la Peyrade Conseiller communautaire

 

 

 

Valérie Maillard, Adjointe au maire déléguée à la culture, au patrimoine et à l’égalité hommes/femmes

 

 

 

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DÉCOUVREZ TOUTE LA PROGRAMMATION DU FIRN 2024 :

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En attendant le festival…

8 jeunes de la Mission Locale du Bassin de Thau ont participé à la réalisation du décor et de la signalétique du festival, et aidé mercredi 15 mai à son installation dans toute la ville ! Rendez-vous dans une semaine !

 

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Mise à jour 24/05/2024

François Guérif regrette de n’avoir pu se rendre sur le festival pour répondre en direct aux questions de Simon Baril et nous a proposé de partager cet entretien exclusif rédigé pour l’occasion : 

SB – En début d’année, vous avez lancé « Les Iconiques de François Guérif » chez Rivages. Dans le cadre de cette nouvelle collection, vous rééditez certains de vos Rivages/noir préférés, au rythme d’une parution par mois environ. Mais vous avez dirigé Rivages/noir pendant plus de trente ans, et y avez publié plus de mille romans, dont des dizaines et des dizaines de chefs-d’œuvre ou pépites ! Alors comment avez-vous opéré cette sélection ? Qu’est-ce qui fait un « Iconique » ?

FG – Comme je l’ai écrit, tous les Rivages sont plus ou moins iconiques. Face à une pluie de rééditions – « Les Millésimes », pour lesquels on ne m’a jamais consulté –, j’ai voulu attirer l’attention sur des livres autres que les best-sellers (Ellroy, Hillerman, etc.), qui me paraissent singuliers et qui avaient un peu disparu du catalogue, tels ceux de Jack O’Connell ou Marc Behm.

SB – Ses rééditions sont accompagnées de toutes nouvelles préfaces.  Qu’est-ce qui constitue une préface idéale pour un « Iconique » ? Vous êtes bien sûr le grand érudit du noir que l’on sait, pourtant vous avez évité d’adopter une approche trop didactique…

FG – Ce qui constitue une préface idéale pour un « Iconique » n’est surtout pas un texte explicatif, souvent trop scolaire, s’adressant à un lecteur qu’on prend un peu pour un ignare. Donc pas de préface au sens classique du terme (la 4ème de couverture est suffisante), mais quelques lignes souvent anecdotiques, des souvenirs sur l’auteur que j’ai la plupart du temps connu, une façon de parler de la complicité entre lui et son éditeur.

SB – Les « Iconiques » sont particulièrement bienvenus car de très grands noms du polar sont sans cesse menacés de (re)tomber dans l’oubli. C’est tristement vrai aux Etats-Unis, par exemple, où de nos jours il est parfois impossible de se procurer certains classiques du genre, sauf à les acheter d’occasion au prix fort. Dans une certaine mesure, n’avez-vous pas l’impression d’accomplir un travail de Sisyphe ? En France, y aura-t-il assez d’éditeurs avec la volonté et les moyens de prendre votre relève ?

FG – Oui, c’est un travail de Sisyphe, aujourd’hui copié par beaucoup de collègues (voir le dossier dans le dernier numéro de la revue 813).

SB – Parmi les « Iconiques » parus ou à paraître, pourriez-vous attirer notre attention sur deux ou trois titres qui, selon vous, n’auraient auparavant pas rencontré le succès qu’ils méritaient ?

FG – Je dirais Porno Palace  de Jack O’Connell, Adiós muchachos de Daniel Chavarría et, à venir, Jésus prend la mer, un James Lee Burke intime et contemplatif.

SB – En tant qu’éditeur, vous continuez de collaborer avec Rivages mais aussi Gallmeister, où vous veillez sur certains auteurs appartenant à une toute nouvelle génération. Mais en tant que lecteur ? Passez-vous désormais plus de temps à découvrir de nouvelles voix ou à vous replonger dans des voix familières pour en tirer de nouveaux plaisirs ?

FG – En tant que lecteur, je ne passe pas mon temps à “chercher” de nouvelles voix, mais je suis toujours sensible aux découvertes (William Boyle, par exemple). Ce qui n’empêche jamais de retrouver avec joie des voix familières – c’est notamment le plaisir des « Iconiques ». Je suis toujours resté fidèle à des écrivains qui font un peu partie de ma famille. Comme David Goodis et sa Lune dans le caniveau (premier livre que j’avais publié à l’époque où je dirigeais Fayard noir) qui intègrera prochainement les « Iconiques ». Nouvelles voix et textes familiers en harmonie, à mon rythme aujourd’hui « raisonnable ». Le reste de ma vie n’y suffira pas.

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Retrouvez toute la programmation annuelle des rendez-vous +deFIRN 2024 :