Frontignan entre officiellement dans l’Histoire à l’occasion d’un acte passé, aux alentours de l’année 1030, entre le seigneur de la cité et l’abbé d’Aniane, relatif à la règlementation de la pêche dans les étangs.
Avant cela peu de sources, mais une succession de témoignages archéologiques et d’habitats disparates, d’abord sur ce plissement constitué au jurassique, la Gardiole, sur lequel s’établirent les premiers habitants du paléolithique, puis, peu à peu, vers les étangs et le site actuel de la ville, depuis les temps protohistoriques et les premiers siècles du Moyen Âge, en passant par l’Antiquité et la présence bien attestée des Romains.
Ce territoire ouvert sur la mer accueillit les Wisigoths, les Francs et les Sarrasins, pour devenir au VIIIème siècle propriété de Witiza, ou Benoît d’Aniane, ce wisigoths fils du comte de Maguelone, proche de Louis le Pieux et de Charlemagne, grand réformateur du monarchisme occidental et tête de proue de l’entreprise d’annexion et de mise en valeur des territoires méridionaux du royaume carolingien.
Une cité ouverte sur la mer
L’Histoire de la ville nait donc, aux alentours de l’An mil, sous les auspices de la pêche, signifiant par là son attachement viscéral à la zone côtière et aux espaces lagunaires, qui prodiguent ses ressources aux premiers habitants du lieu.
A partir de là, elle sera intimement liée à l’ouverture de la cité sur la mer : c’est d’elle que viendront ses ressources qui lui permettront, à la faveur de l’essor urbain du XIIIème siècle, de s’affirmer en tant que ville ; c’est elle qui donne un microclimat si particulier qu’il permet au Muscat de se développer avec tant de typicité que ce vin devient célèbre à partir du XVème siècle ; c’est elle encore qui explique que la deuxième révolution industrielle, soucieuse d’offrir à ses industries des voies de transport maritime et ferroviaire, ait élu domicile en ces lieux ; enfin, c’est elle qui ouvre la voie, dès 1868, aux loisirs balnéaires promis à un brillant avenir.
Terre d’accueil historique
Frontignan la Peyrade a traversé les siècles, la ville passant en 1349 de la suzeraineté des rois de Majorque à la souveraineté plus affirmée des rois de France puis à la République française et, au fil du temps, d’une économie agraire, piscicole et maritime, à une économie industrielle, en intégrant en son sein des populations venues pour travailler dans les vignes, les salins et les usines, des habitants des hauts cantons de l’Hérault à partir du XVeme siècle, puis de toutes les régions de France, du Portugal, de l’Espagne, de l’Italie et du Maghreb, avec notamment des vagues de réfugiés fuyant les dictatures de Franco, Salazar, Mussolini et le nazisme d’Hitler.
Terre d’accueil historique, la ville a fait face à tous les soubresauts de l’Histoire : la fin de la guerre de Cent Ans, pendant laquelle elle a dû se fortifier pour se protéger des « routiers » démobilisés des armées ; les guerres de religion, pendant lesquelles elle a constitué un poste avancé de Richelieu en lutte contre les protestants de Montpellier ; la première guerre mondiale durant laquelle elle a perdu 131 de ses fils ; le deuxième conflit mondial au terme duquel elle a eu à connaître un bombardement allié dévastateur ; la fin des usines, de la Mobil et du soufre, qui a laissé démuni tant de travailleurs mais à partir de laquelle elle a su rebondir pour entrer pleinement dans le XXIème siècle.
Une histoire en mouvement
Cette histoire millénaire a donné naissance à une ville aux multiples identités, qui s’entrecroisent, s’entrechoquent des fois, mais qui ont en commun d’être inextricablement liées. Maritime, viticole, saline, industrielle et aujourd’hui touristique, Frontignan la Peyrade est jouteuse, rebelle, parfois querelleuse, mais toujours solidaire et hospitalière, lorsqu’un bateau échoue sur son rivage ou quand il lui faut accueillir des femmes et des hommes fuyant les tyrannies. Saisissant tableau, que cette Histoire en mouvements.