FLP MAG #31 – Le portrait du mois : Alain Rémy, alias Gaston

Ce globe-trotter, tour à tour dessinateur de bande dessinée ou de presse, scénariste dialoguiste dans le jeu vidéo, professeur, rédacteur en chef ou encore storyboarder pour les grandes firmes du dessin animé, a posé ses valises à Frontignan-Plage il y a environ trois ans pour « la mer et le cadre unique ».

Né au Maroc en 1965 de parents professeurs coopérants, Alain et ses trois frères et soeurs ont « pas mal baroudé », durant toute leur enfance, de Haïti à la Réunion, en passant par le Togo… « C’est un peu pour ça que j’ai choisi de vivre à Frontignan-Plage. J’aime la mer. Quand je regarde l’horizon, je me dis que je viens de l’autre côté. Et puis, il y a une ambiance particulière ici. Les gens sont détendus quand ils sont en slip de bain. »

Son père, Jean-Claude Rémy, était également chanteur, produit par Pierre Perret, (accessoirement parrain d’Alain), dans les années 70.

Mis à part quelques vacances passées dans le Jura ou à Paris, Alain découvre la métropole à l’âge de 18 ans. Il commence par enchainer les petits boulots comme vendeur de glace, dans une BD tech ou encore chez IBM, à Montpellier. Doté d’un bon coup de crayon, il réalise ses premiers dessins de presse bénévolement. « Mais j’avais une carte de presse qui me permettait de voir tous les concerts et autres évènements gratuitement », se rappelle-t-il amusé. « La première fois que j’ai vraiment été payé pour dessiner, c’est lorsque j’ai été intervalliste sur le long métrage La Bande à Picsou : Le Trésor de la lampe perdue , pour Disney ». Il travaillera également sur la série d’animation Les Aventures de Tintin, ainsi que sur des jeux vidéo, comme Rayman ou encore Les lapins crétins , pour le studio Montpelliérain Ubisoft. Côté BD, il sort son premier opus, coécrit avec son ami Jim, en 1996. On éteint la lumière on se dit tout est un recueil sans image, uniquement constitué de bulles sur fond noir.

Alain signe Gaston, surnom donné par ses amis qui lui trouvaient des airs du célèbre héros gaffeur et débonnaire de Franquin.

C’est ainsi nommé que l’auteur enchaine sorties, collaborations et réussites pour les éditions Vents d’Ouest, Albin Michel, Soleil… en tant que scénariste et dessinateur. Il collabore aussi à des projets aux côtés de Manu Chao, José Bové ou encore Rémi Gaillard et sera même dessinateur en plateau pour l’émission Ça se discute de Jean-Luc Delarue.

En 2016, en compagnie des dessinateurs Trondheim, Aurel, Fabcaro, Man, Jim, Lecointre et Alteau, Gaston crée le journal satirique Sarko Hebdo , dont il est le rédacteur en chef. Toujours en 2016, il devient codirecteur pédagogique de l’école d’Art numérique e-artsup à Montpellier, où il gère une équipe d’enseignants en jeu vidéo et en animation.

Gaston s’est également essayé aux carnets de voyage avec une série consacrée aux DOM-TOM, ainsi qu’aux romans graphiques, notamment avec Sur la vie de ma mère, puis Sur la tête de mon père , où il croque avec humour et dérision ses tribulations familiales.

Intarissable, l’auteur a également publié des biographies en BD. Si, Au pays de Boby Lapointe fut un succès d’estime, Renaud : né sous le signe de l’Hexagone, a reçu un très bel accueil du public comme des critiques.

Pourquoi m’installer à Frontignan- Plage ? comme je l’ai dit, je suis très attaché à habiter près de la mer. Je connaissais la bonne réputation de la ville, qui est aussi un repère d’artistes en tout genre. Donc, grâce à l’un d’entre eux, mon pote Dadou, je m’y suis installé dès que j’en ai eu l’occasion. C’est la première fois de ma vie que j’ai une maison à moi ! », se ravit Gaston.

Quant aux projets d’avenir, «je travaille un bouquin sur les interceltiques de Lorient et je prépare un gros pavé sur le rap avec Olivier Cachin. Comme celui sur Renaud, mais en mode anthologie du rap français. J’aimerais aussi beaucoup faire un truc sur les métiers de l’ombre. Les paroliers de chansons par exemple. En prenant comme point de départ la carrière de mon ami (et voisin NDLR) le grand Jean Fauque…».