Mûriers malades : une opération sanitaire indispensable

Identifié fin 2018 sur la commune de Sète, le longicorne tigre (Xylotrechus chinensis) s’attaque à tous les mûriers, y compris ceux en pleine santé. Début 2023, 29 communes de l’Hérault avaient été infestées. Le territoire de Frontignan la Peyrade n’a pas été épargné, 200 à 300 arbres pourraient être abattus, victimes de ce nuisible pour lequel il n’existe pas de traitement.

Originaire d’Asie, le longicorne tigre a sans doute été introduit par les ports de commerce, via l’importation de marchandises, de bois de palettes et de coffrage. Ce coléoptère aux zébrures rousses, noires et jaunes mesure entre 15 et 25 mm et peut être confondu avec une guêpe ou un frelon. Sa larve se nourrit du bois mou de l’arbre ou phloème juste sous l’écorce. Des rejets de sciure ou des coulées de sève peuvent être visibles lors de leur développement. Ces petits vers blancs sont déposés par les femelles sur l’écorce de l’arbre entre juin et août. Ils forent des galeries et passent l’hiver à l’abri dans le bois avant de finir leur développement au printemps. Les adultes émergent de mai à juillet. Leurs trous de sortie, parfaitement circulaires et d’un diamètre de 5 à 6 mm, sont visibles sur les troncs et les branches principales des arbres. VISUEL Longicorne

Au niveau préventif, il n’existe aucun traitement, seule la prospection de façon à détecter la présence du nuisible dès les premiers signes. En cas d’infection, la lutte insecticide s’avérant de peu d’effet, il est conseillé de couper les branches incriminées, d’appliquer ensuite un produit cicatrisant bio sur la coupe et de surveiller l’état de santé de l’arbre. Si l’arbre entier est atteint, l’unique solution est l’abattage et sa destruction par broyage fin ou brûlage avant la sortie des insectes adultes.

Ce coléoptère n’est pas considéré comme organisme de quarantaine au niveau européen, mais fait l’objet d’une surveillance par la Draaf-Sral Occitanie (Direction régionale de l’alimentation, de l’agriculture et de la forêt-Service régional de l’alimentation) et Fredon France, organisme à vocation sanitaire environnemental et d’expertise végétale, missionné par les services du ministère de l’Agriculture.

VOTRE ARBRE EST CONTAMINÉ PAR LE LONGICORNE : QUELLE MARCHE À SUIVRE ?

Si vous possédez un mûrier suspecté d’être atteint, contactez Fredon Occitanie (www.fredonoccitanie.com  Tel. 04 67 75 64 48). Son agence régionale est là pour conseiller ou agir pour la surveillance, la prévention ou la lutte contre les nuisibles. Toute suspicion d’infestation doit leur être signalée, son service vous indiquera la conduite à tenir et pourra se déplacer afin de vérifier l’état de santé de votre arbre. En cas de contamination, vous devez couper les branches infectées ou abattre l’arbre entier. Attention, il faut ensuite se débarrasser au plus vite des déchets de coupe afin d’éviter toute propagation, celle-ci étant très rapide. Il serait dangereux de les abandonner dans un coin de votre jardin ou de les brûler par vous-mêmes. La municipalité a sollicité Sète agglopôle Méditerranée pour que soit mis en place à la déchetterie de Frontignan la Peyrade un broyeur spécifique pour accueillir les arbres abattus par les particuliers.

Symptômes au niveau des grosses branches ou du tronc :

  • Coulées de sève
  • Dépérissement et nécroses
  • Trous de sorties circulaires
  • Décollement d’écorce
  • Branches plus fragiles et cassantes

Un patrimoine arboré à repenser ensemble

À ce jour, 200 à 300 mûriers sur la commune, répartis sur une cinquantaine de sites, sont contaminés par le longicorne : soit près de 6% de la totalité des arbres de la ville (5862).

Les services communaux ont pris contact avec la Draf et Fredon afin de travailler conjointement sur cette problématique, recenser plus précisément le nombre et le degré d’infection des arbres touchés sur l’espace public, et planifier l’abattage des plus atteints. Opération inévitable, d’une part pour une question de sécurité, les branches contaminées risquant de casser et de blesser une personne, d’autre part pour le risque sanitaire qu’ils font peser sur l’environnement. Celle-ci pourrait être effectué en plusieurs étapes avant mai 2024, voire également en 2025.

Dans sa démarche de démocratie participative, la municipalité souhaite entamer une réflexion en concertation avec la population pour la replantation de nouveaux arbres. L’occasion de repenser en lien direct avec les habitants du quartier les questions plus larges du patrimoine arboré, de la structuration des espaces selon leur usage, et des nouveaux aménagements possibles.

Le renouvellement du patrimoine arboré implique également le choix des essences à replanter pour remplacer les mûriers condamnés. Ce sera le fruit d’une étude conjointe avec les services de la ville, la Draf et Fredon pour discerner les espèces les plus adéquates comme les plus aptes à résister au manque de pluie ou aux fortes chaleurs résultant du dérèglement climatique.

La municipalité va proposer dans les semaines à venir une réunion publique d’information afin d’échanger avec les habitants et pouvoir répondre à toutes leurs questions.