FLP MAG #32 – Le portrait : Isabelle Dupéré, 40 ans de carrière dans la haute couture

Couturière officielle du comité Miss France depuis près de 25 ans, Isabelle Dupéré a consacré sa vie à la création textile haut de gamme. En professionnelle hors pair, elle a ouvert un atelier dans le quartier de la Peyrade où elle assouvit sa passion, entre confection de robes sur mesure, retouches de prêt-à-porter et développement de sa propre marque de vêtements.

Le cliquetis des machines à coudre emplit l’atmosphère studieuse de l’atelier de couture situé 197, avenue du Maréchal-Juin. Le va-et-vient des aiguilles n’est interrompu que par le passage régulier des clients venus récupérer un vêtement ou déposer une nouvelle pièce à confectionner. L’établissement a ouvert ses portes il y a environ 5 ans à Frontignan la Peyrade et c’est une experte dans le domaine de la haute couture qui en est propriétaire : Isabelle Dupéré.

Les cheveux noirs, le regard clair perçant, elle raconte le coup de foudre qui l’a menée à investir ce local : « Je suis tombée amoureuse de cet endroit qui paraissait pourtant isolé et brut de décoffrage avec ses deux murs et l’unique fenêtre. Mais son intuition lui donne raison. Si j’avais su, je serais venue bien plus tôt. »

Si la vie n’a pas toujours été tendre avec elle, la couturière a puisé dans la difficulté l’opportunité constante de rebondir : « À 20 ans, une chute de cheval m’a brisé la colonne vertébrale. J’étais condamnée à ne plus marcher et finalement, au bout de deux ans de rééducation, j’ai posé le pied par terre. Pour autant, mon plan de carrière d’inspectrice de police a été bouleversé et j’ai ouvert un magasin de vêtements à Balaruc-les-Bains. »

Très vite, la vente pure ne lui suffit plus et Isabelle se met à élaborer ses propres créations. Elle apprend à coudre de façon empirique en démontant les habits mais aussi grâce au savoir-faire que sa mère lui avait transmis et « toute la finesse de la couture » qu’une vieille dame, petite main chez Dior, lui enseigne.

Elle remplace bientôt la machine à coudre de sa mère par une machine industrielle qu’elle apprivoise en autodidacte. « Je faisais des robes cocktail et ça plaisait. Je me suis alors inscrite au concours Jeunes créateurs de Paris. Je n’avais pas un sou, j’avais transporté mes robes dans des sacs poubelle ». À sa grande surprise, elle remporte le premier prix et réitère l’exploit deux ans plus tard, en 2004.

C’est là qu’elle rencontre Geneviève de Fontenay qui l’introduit dans le cercle du comité Miss France qu’elle n’a plus quitté depuis. « Le comité Miss France, c’est ma famille. J’y ai trouvé beaucoup de solidarité. ». Cette année, elle est notamment chargée de créer le costume régional de la nouvelle Miss Languedoc, Jade Benazech : « J’ai eu et je continue d’avoir une vie professionnelle magnifique. Durant les concours Miss France, j’ai côtoyé des célébrités comme Alain Delon, Jean Reno, Patrick Bruel, Arielle Dombasle, Florent Pagny… J’ai travaillé avec Jean-Pierre Foucault et Julien Lepers. Mon plus beau souvenir, c’est la traversée des arènes d’Istres aux côtés de Geneviève de Fontenay, sous l’ovation du public. »

Aujourd’hui, la réputation de son atelier la précède. Elle et son équipe de 5 couturières hautement qualifiées s’adressent autant aux particuliers qu’aux professionnels. Robes de soirée et de mariée sur mesure, retouches dans l’habillement et l’ameublement. Elles collaborent avec 65 enseignes nationales de prêt-à-porter. L’atelier a de beaux jours devant lui malgré la tendance : « Maintenant, tout passe par Internet. Notre métier est en voie de disparition. Nous tenons bon mais qui prendra la relève ? » Toutefois, Isabelle s’accroche à son rêve : « L’idée à présent, c’est d’aménager un point de vente de ma propre ligne de vêtements au sein de l’atelier. » À suivre…