En ville n°149 | Novembre – Décembre 2016

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Souffle solidaire sur l’économie

L’économie sociale et solidaire (ESS) n’est ni une utopie, ni une nouveauté. Dès le Moyen Âge, guildes, confréries, jurandes, corporations et compagnonnages en constituent les prémices. Mais c’est essentiellement au XIXe siècle, que ses structures se sont développées, en réaction aux effets néfastes de la révolution industrielle. Des penseurs comme Saint-Simon ou Charles Fourier évoquent un système ayant pour objectif de procurer à tous, et en particulier aux prolétaires, des conditions d’existence et de travail supportables qu’ils nomment « le bonheur social ».

La violence du capitalisme industriel va engendrer sociétés de secours mutuels, comptoirs alimentaires et coopératives pour fournir nourritures, soins ou encore obsèques aux ouvriers. Les réseaux associatifs vont se constituer et créer des communautés associant travail, habitat, culture, consommation et assurance contre les risques. Coopératives de production et de consommation permettront aux ouvriers de s’émanciper de leur dépendance vis-à-vis des employeurs.

Ces mouvements sont d’abord réprimés par l’Etat, qui va progressivement les accepter et les règlementer avec des lois comme celle sur la liberté d’association pour tous, en 1901, ou sur les coopératives, en 1917. Ainsi, l’économie sociale va s’épanouir, mais parallèlement au secteur économique « traditionnel » jusqu’en 2001, année de la création, au sein du gouvernement, d’une délégation dédiée à l’économie sociale et solidaire, et surtout 2014, avec la nomination de Carole Delga au poste de secrétaire d’Etat au commerce, à l’artisanat, à la consommation et à l’économie sociale et solidaire, et la loi du 31 juillet adoptée pour dynamiser la croissance de l’ESS. De nos jours, les structures de l’ESS que sont les associations, les mutuelles, les coopératives, les fondations et les entreprises commerciales d’utilité sociale sont en pleine expansion, partout et dans tous les secteurs d’activité. A titre d’exemples, 8 établissements d’enseignement culturel sur 10, 90% des clubs de sport, la moitié des crèches et autres haltes garderies, 9 établissements d’accueil d’enfants handicapés sur 10 s’y inscrivent. 54% des complémentaires santé, l’assurance de 3 véhicules sur 5 et de la moitié des deux roues sont des mutuelles. 3 agriculteurs sur 4 adhèrent à une coopérative.

« L’ESS est une opportunité qui s’offre à tous et à notre territoire »

L’économie sociale et solidaire a le vent en poupe. Ses entreprises sont les seules à connaître un fort développement et à créer un grand nombre d’emplois, tout en privilégiant l’insertion par l’activité des personnes en difficulté ! L’ESS est une opportunité qui s’offre à tous et à notre territoire. Car les hommes et les femmes qui créent et font perdurer leurs entreprises ensemble, avec pour principe de partager au même titre le pouvoir de décision et les bénéfices reversés pour alimenter leur projet collectif, d’innover dans tous les domaines d’activité, de proposer une alternative éco-citoyenne pour consommer autrement ou développer les énergies renouvelables, élaborent leurs projets à partir des besoins répertoriés sur le territoire où ils vivent.

En partant du terrain et en plaçant la femme et l’homme au dessus des profits, en ré-inventant de nouveaux rapports au travail, ces entreprises ouvrent la voie à de nouveaux modes de production et de partage des richesses. Mais en plus, ils invitent chacune et chacun d’entre-nous à les rejoindre, notamment lors de ce mois de l’ESS en novembre, dans lequel s’inscrit la Ville, soucieuse de s’associer à leurs projets et de les soutenir.