FLP MAG #37 – Le portrait : Priscilla Schneider, cinéphile dans l’âme

Directrice du CinéMistral depuis 21 ans, Priscilla Schneider transmet toujours avec la même ferveur sa passion du cinéma. Une chance et un cadeau dans sa vie, confesse-t-elle, que d’avoir pu en faire son métier. Elle nous dévoile son parcours, sa conception de la relation au public et comment l’émotion se tisse à travers la toile.

Aux murs, une mosaïque d’affiches dédicacées partout où se porte le regard, un tableau et un patchwork photo offerts par des spectateurs conquis, des piles de dossiers qui remplissent les étagères ou s’élèvent du sol, le bureau du CinéMistral fourmille de projets et de souvenirs. À la tête de ce cinéma mono écran de 149 places depuis plus de deux décennies, Priscilla Schneider raconte son amour du septième art, devenu son métier passion. Priscilla Schneider a 12 ans lorsque ses parents décident de changer de vie et de quitter la région parisienne pour s’installer dans le sud de la France, à Montpellier. Au même âge, dans un milieu familial propice aux arts et à la culture et grâce, notamment, à sa mère passionnée de peinture et cinéphile, elle reçoit sa première revue de cinéma spécialisée. Elle découvre aussi le film culte Les Désaxés avec une Marilyn Monroe saisissante de beauté et de fragilité qui scelle, à partir de ce moment-là, la passion du grand écran dans le cœur de l’adolescente.

Le cinéma, caisse de résonance de la vie.

De ses études en communication et linguistique, Priscilla Schneider effectue un stage dans une salle obscure. C’est le point de bascule de sa future carrière : « J’ai senti physiquement que ma place était là. J’ai terminé mes études en ayant l’objectif de travailler dans une salle de cinéma. » Après un master en direction de projets culturels à Sciences Po, elle décroche dès lors son premier emploi au Diagonal de Montpellier où elle est responsable du service Jeune public et coordonne le dispositif École et cinéma durant cinq ans. Au cours de ses missions, elle rend visite à plusieurs cinémas locaux, dont celui de Frontignan la Peyrade, inauguré cinq ans plus tôt, en 1998. Un véritable coup de cœur qui la conduira à candidater à l’appel d’offres et à en prendre la direction à l’âge de 31 ans. Depuis, Priscilla Schneider l’assure : « Il n’y a pas une journée qui se ressemble. C’est un métier vivant, exaltant. » En effet, les films à l’affiche apportent un renouvellement constant de sujets et d’univers à partager avec les spectateurs. En outre, le CinéMistral est une salle à taille humaine habitée par les séances spéciales qui allient projection, débats, rencontres et convivialité. Si le lieu a accueilli en son sein nombre de grands noms lors des avant-premières, partager et vivre l’émotion ensemble, c’est peut-être ça le plus important aux yeux de la directrice : « Le cinéma est une caisse de résonance de la vie. Très vite, par l’intermédiaire du film, on aborde l’intime. On touche l’humain. »

Un lien privilégié avec le public

« Si on aime les gens, on aime le cinéma », une conviction que Priscilla Schneider insuffle dans son quotidien et qui traduit tout le travail d’éducation à l’image et de médiation qu’elle effectue avec son équipe investie pour aller chercher le public, pas seulement le cinéphile, mais celui qui ne venait pas ou qui ne venait plus au cinéma. En témoigne les collaborations foisonnantes avec les associations locales qu’elle sollicite et qui la sollicitent tour à tour lorsqu’un film fait écho à leurs champs d’action. Elle se réjouit d’ailleurs de « l’humanité, de l’engagement et du militantisme que vient révéler la richesse du tissu associatif » de la commune. Un argument qui s’ajoute à la qualité de vie qu’elle a trouvée ici et qui l’a convaincue de s’y installer avec sa famille : « J’ai trouvé ma ville d’adoption, de cœur ». Et l’histoire n’est pas près de s’arrêter là…