Appel à témoignages pour l’exposition dédiée à René-François Gregogna 

Dans le cadre de sa programmation culturelle estivale, la Ville de Frontignan rendra hommage, en juin prochain, au sein du musée municipal, à l’artiste René-François Gregogna (1926-2011), pour l’ensemble de son œuvre et notamment les célèbres rochers peints en 1978 et 1979, sur l’ancienne digue entre Sète et Frontignan la Peyrade.

Bien connues de la population locale et des utilisateurs de la ligne ferroviaire reliant Montpellier à Sète, ces œuvres font partie de la mémoire collective locale. Dès aujourd’hui, la Ville vous invite à venir témoigner et partager VOTRE histoire de la digue. Ces témoignages seront restitués à l’occasion de l’exposition.  

Le service des archives municipales se propose de numériser tous les documents, photos, publications que vous souhaiteriez partager. Ces témoignages seront présentés au public durant l’exposition dédiée à cet artiste protéiforme et inclassable, à découvrir cet été au musée municipal. Ils contribueront à nourrir la mémoire de cette œuvre, démantelée en 1986, mais encore bien présente dans les esprits des locaux. Son impact sur le paysage, sa volonté d’alerter les passants, son urgence à créer et casser les codes de l’art, René-François Gregogna fut l’un des tout premiers artistes à initier le Land Art et influencer la figuration libre.

Déposez dès à présent votre contribution :

  • Archives municipales de Frontignan la Peyrade

Les mardis après-midi et jeudis matins, quai Voltaire

  • Direction Culture et Patrimoine

Du lundi au vendredi, ou dans la boîte aux lettres, rue du député Lucien-Salette

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Qui était René-François Gregogna ?

René-François Gregogna est né le 2 mars 1926 à Hanoï, au Vietnam.

Il présente ses premières peintures juste après la deuxième Guerre mondiale, à Alès. À la fin des années 50, il déménage à Sète. Dix ans plus tard, son œuvre Déjeuner sur l’herbe est sous les projecteurs, attirant autant de critiques positives que négatives. Son exposition Plaider coupable marque son abandon de la peinture car l’artiste s’intéresse dorénavant aux collages et aux reliefs réalisés à l’aide d’éléments usés et récupérés dans les décharges.

À la fin des années 70 et jusqu’au milieu des années 80, René-François Gregogna commence une nouvelle phase artistique sur la réalisation d’œuvres sauvages et monumentales, notamment la digue située entre Sète et Frontignan la Peyrade, détruite en 1986.

En 1985 René-François Gregogna crée le mouvement VRAC (Volume Relief Action Couleur), qui fait écho à la FRAC (Fonds régionaux d’art contemporain). C’est également durant les années 80 que sa renommée devient internationale avec une exposition à Key West en Floride. Il participe aussi au Salon de la Figuration Critique au Grand Palais et organise à Pézenas une exposition collective autour de la figure de Picasso qui est reproduite à Paris.

René-François Gregogna était un artiste pluridisciplinaire infatigable qui a pratiqué toutes les techniques et médiums. Son œuvre reste inclassable.

Il est décédé à Sète le 17 janvier 2011.

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« J’aime les cigarettes blondes, la bière rousse, les femmes brunes, le chocolat blanc, tirer la langue, le café noir, Devos, les scorpions, Pézenas, le fromage de chèvre, les fleurs, les ruisseaux, Léo Ferré, les innocents, la moutarde, le bruit, la Corse, la mayonnaise, l’Ardèche, les crapauds, Jean Ferrat, les intelligents…

Je déteste les intellectuels « profonds », les intellichiants, l’argent quand j’en manque, les lâches, les écoles, le Ministère de la Culture, le silence, les bulldozers qui ont mis mes fresques à l’eau, les rhumatismes de la phalangette. Mourir. »

René-François Gregogna

« Autodidacte certainement mais extrêmement conscient de l’époque et du déroulement de l’histoire de l’art, il se documentait sans cesse, lisait beaucoup, mais voulait absolument être exclu de ces circuits qui lui semblaient officiels. On l’a donc, par ignorance, associé à l’art brut ou à l’art singulier, mais sa position est bien autre. Il regardait aussi bien les Shadocks sur les premières télévisions en noir et blanc qu’il lisait Saint-John Perse. Sa curiosité était immense et grâce à une grande habileté manuelle et un œil aiguisé, il découvrit et utilisa un nombre infini de matériaux (laine, fil de fer, papier mâché, métal, pierre… tout). Il transformait tout littéralement de ses mains gigantesques en un monde dont lui seul avait les clés. Un monde de paysages enchanteurs peuplés de dictateurs ubuesques, de méchants militaires, d’imbéciles heureux et de créatures mythologiques»

René-François Gregogna ou le voyage dangereux

(Extrait d’un texte – témoignage d’Hervé Di Rosa, Séville, avril 2011)