Jardins partagés

Du jardin ouvrier au jardin partagé

Apparus en Angleterre et en Allemagne avec la Révolution industrielle au XIXe siècle, les jardins ouvriers apportent d’abord un remède à la misère de la classe prolétarienne en formation. Appelés aussi “champ des pauvres” ou “clos des pauvres“, ils offrent aux ouvriers un complément de ressources, ainsi qu’un loisir ordinairement partagé en famille. En France, il faut attendre les années 1850 pour voir les premières tentatives dans les régions de l’Est et du Nord, qui s’industrialisent. À la fin du siècle, leur essor est considérable et il le reste durant toute la première moitié du XXe siècle.

Durant la Première Guerre mondiale, ils apportent un remède efficace à le pénurie alimentaire et d’autres types de jardins voient le jour : jardins militaires, jardins d’hôpitaux, jardins pour réfugiés, jardins scolaires, jardins de patronage, jardins pour anciens combattants… Avec la crise économique des années 30, puis la Seconde Guerre mondiale, les jardins collectifs se multiplient et la composition socio-professsionnelle des jardiniers qui louent les parcelles se diversifie. Ainsi, les ouvriers sont encore très présent, mais l’appellation “jardins familiaux” fait sont apparition et c’est elle qui est officiellement adopté par la loi du 26 juillet 1952, qui définit les principes d’usage des jardins collectifs.

Avec le retour de la paix et la fin des pénuries alimentaires, le nombre de jardins familiaux baisse sensiblement. Dans les années 1960, l’urbanisation croissante et le développement d’une société de consommation marque encore plus nettement leur déclin.
Mais à partir des années 1980, on relève un véritable regain d’intérêt pour ces jardins familiaux. Ce renouveau est à mettre en relation avec l’intérêt des Français en général pour le jardinage, mais il est aussi le fruit d’une prise de conscience écologique, qui s’affirme de plus en plus autour de la notion du partage.

Ainsi, aujourd’hui, on parle de “jardin partagé“, qui permet certes d’équilibrer un budget familial par la récolte de fruits et de légumes, mais répond aussi à un désir de cultiver des produits sains, de se rapprocher de la nature et d’en partager les richesses, en pratiquant un jardinage respectueux de l’environnement, en échangeant des “tuyaux”, des graines et des plants avec les voisins, pour retrouver le goût du jardinage, de la convivialité et des saisons.