Partir pour se trouver

Reconnue pour son expérience en matière de mobilité internationale, la Ville, Point Europe du réseau de la maison de l’Europe de Montpellier et membre du réseau d’acteurs de mobilité Eole-Occitanie, encourage la mobilité des jeunes en leur donnant de véritables moyens de voyager et en les accompagnant dans leurs projets. Parmi les dispositifs de mobilité européenne proposés, le corps européen de solidarité (ex service volontaire européen) permet l’accueil et l’envoi de jeunes qui souhaitent vivre une expérience professionnelle et humaine dans un autre pays d’Europe que le leur. Si la ville a déjà accueilli 14 jeunes volontaires, une vingtaine de jeunes frontignanais ont tenté l’expérience.

C’est le cas de Thomas Bouchoucha, 19 ans, qui est parti 2 mois à Recanati, en Italie, du 1er juin au 31 juillet, pour une mission de volontariat au Centro Culturale Fonti San Lorenzo. Celle-ci a consisté à coanimer un camp d’été pour les enfants et soutenir l’organisation du festival Memorabilia – Festa della Musica Artigiana e Indipendente. Revenu changé et très enthousiaste, il prévoit de repartir un an dans la structure italienne, elle-même très intéressée pour l’accueillir en plus long terme.

Au départ de cette aventure, Thomas, pourtant inscrit à l’université en licence d’administration économique et sociale, s’ennuie. « Je me noyais » explique-t-il. En quête de sens et de projets, il se rend au PIJ où germe, en lien avec le service jumelage/mobilité, l’idée de partir. « Je me sentais mal, je tournais en rond et me renfermais sur moi-même. Il fallait faire quelque chose car j’étais à un cheveu de la dépression ».

Laissant Frontignan, sa famille, ses copains et ses soucis derrière lui, le périple de Thomas commence à Montpellier où il prend un bus qui lui fait traverser l’Italie jusqu’à Milan. De là, il faut encore prendre le train, ou plutôt 3 trains pour arriver à Recanati, côté Adriatique. « J’étais inquiet, confie-t-il. Livré à moi-même, je n’étais jamais parti seul ».

Enfin arrivé au centre culturel où il est accueilli par l’équipe italienne, il rencontre aussi les autres volontaires européens, 16 au total, venu·e·s d’Espagne, du Portugal, de France, de Hongrie ou encore de Géorgie. Logé·e·s dans deux appartements à proximité du centre, des liens forts se nouent entre les jeunes. « Pour moi, de nature impulsive, explosive même, m’intégrer était une mission. Après quelques déconvenues, car ça n’a pas été toujours facile, je me suis adapté et j’ai trouvé ma place. Je me suis fait des ami·e·s merveilleux ». Le travail avec les enfants le passionne. « C’est avec eux que j’ai appris les rudiments de la langue ! » Mais ce que Thomas apprend surtout, c’est à réfléchir, à analyser et gérer ses réactions et ses emportements. « En fait, je ne supportais pas les autres parce que je ne me supportais pas. J’ai fait un gros travail pour comprendre et j’ai beaucoup appris sur moi. J’ai gagné en maturité et en responsabilité. Je me suis calmé et ouvert. J’ai appris à réfléchir plutôt qu’à réagir. Je me suis accepté ».

Aujourd’hui de retour à Frontignan, Thomas se sent métamorphosé physiquement comme mentalement. « J’ai perdu 30kg, passant de 120 à 90 kg, je suis actif, je me sens totalement changé, beaucoup mieux, c’est une victoire. J’ai fait du « tri » dans mon entourage, je suis rempli de merveilleux souvenirs et de projets pour l’avenir. Ce voyage était incroyable, intense. Je suis devenu le contraire de ce que j’étais ». Porté par toutes ces découvertes, Thomas est bien décidé à ne pas perdre cette énergie nouvelle et à continuer d’avancer. Animateur dans le cadre du dispositif Vacances et réussite éducative à Frontignan, du 16 au 27 août à l’école des Terres Blanches, le jeune homme poursuit sa route, des envies et des projets plein la tête. « En septembre, je vais sûrement signer un contrat d’engagement Garantie jeune à la MLIJ en attendant de pouvoir repartir à Recanati, j’espère en janvier pour une mission d’un an. Les responsables du centre sont d’accord, « nous t’attendons » m’ont-ils dit. Je vais aussi essayer de voyager en France et d’aller voir mes amis en Espagne ».

Pour l’heure, avant de repartir, Thomas « milite » activement pour encourager d’autres jeunes à quitter leur zone de confort pour découvrir de nouveaux horizons. Avec les deux volontaires actuellement accueilli·e·s à Frontignan, Ivo Machado (Portugal) et Carla Martin-Camps (Espagne), il va participer à des interventions dans les établissements scolaires pour tenter de transmettre son enthousiasme. « Ce voyage était fabuleux, c’est tout simplement la plus belle expérience de ma vie. Et c’est une expérience que tout le monde peut faire. On en revient grandi et différent. Je conseille à tous les jeunes de franchir le pas sans hésiter ».